
Quand on habite la partie sud de la région Rhône-Alpes, il est un serpent de mer âgé de 10 ans maintenant qui régulièrement fait les grands titres des médias : la gare TGV d’Allan rebaptisée depuis peu par le maire de Montélimar : la gare Montélimar TGV.
Depuis quelques mois l’agitation est plus importante comme un dernier sursaut avant d’émerger totalement ou de disparaître à jamais… Le coût de cette seule gare serait estimé à 75 millions d’euros et l’état s’est engagé à en financer 50 %. Mais des aménagements complémentaires
sont indispensables et là le coût réel pourrait être supérieur à 200 millions d’après le comité de pilotage (de juin 2010). Qui financerait la différence ? La SNCF ? RFF ? Les collectivités territoriales ? La région ?
Après les premières études, qui n’étaient pas intuitives je l’espère ! En juin 2010, dans un courrier adressé au Préfet de la Drôme, Madame la vice-présidente, Bernadette Laclais, dressait un constat sans appel sur le projet de gare d’Allan dans tous ses aspects : difficultés techniques,
impacts sur la capacité de la LGV, arbitrages entre des arrêts à Valence TGV et Allan, charges d’exploitation particulièrement élevées, faible attractivité commerciale, doutes sur la pérennité de la desserte, fréquentation potentielle particulièrement faible par rapport à l’investissement, peu de perspectives de développement économique de la zone d’activité envisagée. Notre groupe EELV partage ces remarques qui rejoignent celles du Collectif contre la gare d’Allan, mais il rejette les conclusions du courrier de l’époque où la région pouvait être prête à soutenir ce projet dès lors que l’état, la SNCF et RFF s’engageraient financièrement.
Or l’état a les poches vides, la dette de la France a explosé quant à RFF son endettement atteint 29 milliards d’euros ! La région, elle, ne peut compenser tous les manques de l’état et n’a pas vocation à développer la grande vitesse mais de permettre un réel et quotidien service de proximité aux rhônalpins. Mais qui veut vraiment rajouter cette gare 10 ans plus tard ? Ni la SNCF ni RFF semble-t-il. Ne serait-elle pas alors un caprice d’élus ? En effet les députés maires de Crest et Montélimar, messieurs Mariton et Reynier, le Ministre et Maire de Donzère, Monsieur Besson, veulent poursuivre un projet que les techniciens qualifient eux-mêmes de non rentable : toutes les gares construites en pleine nature ont fait la preuve de leur échec. Par exemple, en Lorraine, la gare TGV de Louvigny, implantée en pleine nature, va être abandonnée au profit d’une nouvelle gare située à Vandières, au croisement de la LGV Est et de la ligne Nancy-Metz. Aujourd’hui, alors que la région Rhône-Alpes vient de voter sa nouvelle stratégie foncière, peut-elle imaginer un instant engloutir des hectares de terres agricoles, des millions d’euros pour mettre 2h35 au lieu de 2h50 entre Allan et Paris ? C’est cher les 15 minutes !
4 TGV aller-retour par jour pour le service de quelques voyageurs avec l’immense risque de dévaloriser la gare du centre-ville de Montélimar et son quartier… avec une gare tous les 60 km la Drôme deviendrait le seul département à avoir deux gares TGV, un TGV omnibus.
Je me permets ici de rappeler le nom officiel de la gare Valence TGV à la demande de la région à l’époque : « Valence TGV Rhône Alpes Sud », et si sa fréquentation a très largement augmenté elle n’est pas saturée… ; si ce n’est ses parkings auto…, faux argument souvent utilisé !
Ainsi, les élus Europe Ecologie-Les Verts demandent que la Région Rhône-Alpes ait maintenant le courage politique de refuser définitivement de soutenir de quelque manière que ce soit cette chimère que l’UMP utilise régulièrement pour venir polluer la vie régionale. Le projet doit être purement et simplement abandonné. Mais alors comment aller vers la grotte Chauvet ? Comment rejoindre le sud Drôme et sud Ardèche ? Les sommes aujourd’hui promises devraient être affectées au désenclavement de ces territoires en permettant une meilleure connexion aux deux gares TGV déjà existantes, Valence et Avignon, et en structurant de manière fine un réseau de transport en commun routier et ferroviaire, selon nos propositions déjà abordées hier à l’occasion de notre amendement sur la grotte Chauvet. Ce réseau servirait du même coup et pour le même coût à irriguer aussi les territoires pour les usages quotidiens de proximité, pour un aménagement du territoire profitable à tous.
Intervention d’Annie Agier au Conseil Régional